La récolte 2024 de pommes de terre de la zone NEPG (UE-04, BE, DE, FR et NL) s’élève à 24,7 millions de tonnes, soit une hausse de 6,9 % par rapport à la récolte 2023. Malgré l’augmentation de l’offre, le marché reste dynamique. Les prix à la production sont passés de 12,50 €/100 kg en octobre-novembre 2024 à 30,00 €/100 début février. La rapidité de la hausse depuis le début du mois de janvier est assez surprenante.
L’évaluation des stocks au cours des prochains mois, ainsi que le calendrier et les conditions de plantation, seront d’une importance capitale pour l’évolution des prix cette saison.
Une hausse des surfaces pour 2025 ?
Avec un marché dynamique (et peu d’autres alternatives), il semble très probable qu’au printemps prochain, les producteurs de pommes de terre planteront plus de pommes de terre que la saison dernière. Les agriculteurs doivent sérieusement tenir compte de la tendance annuelle à la baisse des rendements, qui se traduit par une augmentation des coûts de production par hectare. Mais une superficie plus importante signifie des risques plus élevés d’une bonne production globale si nous plantons tôt et si nous avons une saison de croissance normale.
Des prix de contrats stables et des coûts de production élevés
Si les plants sont généralement moins chers qu’au printemps dernier (les variétés de type Innovator étant l’exception), elles sont en hausse de 10 à 15 % par rapport aux prix de 2023. Les coûts de production ont quelque peu augmenté et les risques sont de plus en plus importants pour les agriculteurs. Certains transformateurs utilisent un système de tarifs dissuasifs pour inciter les producteurs à limiter la tare terre sur les livraisons de lots de pommes de terre.
Sur l’ensemble de la zone NEPG, les contrats sont majoritairement stables tout au long de la saison de tockage. Les changements et évolutions futurs dépendront des prix du marché libre pour les pommes de terre industrie.
Un marché mondial incertain
Notre marché est influencé par davantage de risques et de coûts liés aux décisions présidentielles américaines, à l’expansion des exportations de frites chinoises et indiennes et au durcissement des décisions environnementales dans l’UE. Le secteur européen de la pomme de terre doit aussi être conscient de la croissance d’autres acteurs dans le domaine des exportations de frites, tels que la Chine, l’Inde, l’Égypte, l’Argentine et la Turquie.
Pendant ce temps, les influences du changement climatique, le durcissement des réglementations et de la disponibilité en pesticides, l’augmentation des problèmes liés au sol (nématodes, taupins, souchet, etc) et les maladies en développement comme le Stolbur, ainsi que les problèmes et la législation liés aux nitrates dans les eaux souterraines, rendent la pomme de terre techniquement et économiquement plus difficile à produire et financièrement plus risquée. La nécessité de disposer d’outils performants est un enjeu majeur pour assurer une bonne qualité de l’ensemble de la culture.
Beaucoup d’incertitudes à propos des prix pour la saison à venir
Avec l’augmentation très probable des surfaces pommes de terre ainsi qu’un marché à l’export incertain, les producteurs doivent être conscients qu’ils prennent des risques en augmentant leurs emblavements de pommes de terre. En conclusion, le NEPG conseille aux producteurs de suivre la demande des industriels de la transformation, et non pas de la précéder.
Source : NEPG (Groupe des Producteurs de Pomme de terre du Nord-Ouest Européen)
Illustration : Antoine Van Houtte