Les surfaces de pommes de terre continuent de s’étendre en Europe. Ainsi, la récolte de 2024 de la zone NEPG (Belgique, Allemagne, France et Pays-Bas) a augmenté de 6,9 % par rapport à 2023. Elle a atteint les 24,7 millions de tonnes de pommes de terre.
Cependant, la stratégie de développement de la filière est à reconsidérer dans un contexte climatique complexe à gérer, des rendements moyens en baisse, des coûts de production plus élevés et une compétition croissante liée à l’essor de la transformation dans d’autres pays. Sans oublier les perturbations géopolitiques et commerciales actuelles. De plus, les prix des plants restent très élevés cette saison, avec une hausse de 10 à 15 % par rapport à 2023.
Un marché dépendant des relations commerciales internationales
Ainsi, la Chine, l’Inde, l’Egypte, l’Argentine et la Turquie exportent de plus en plus de produits transformés à base de pomme de terre. La Belgique étant le premier exportateur mondial de ces produits, nous sommes extrêmement dépendants des bonnes relations commerciales à l’international et des modifications dans les relations avec les Etats-Unis.
L’évolution des prix des engrais est également un facteur à prendre en considération. Ces derniers continuent d’augmenter fortement. À titre d’exemple, l’ammonitrate 27 % qui se vendait à 285 €/T il y a un an (et qui est resté un prix moyen pour 2024), se vend aujourd’hui à 368 €/T, soit une augmentation de près de 30 %.
Les pommes de terres sont préférées aux céréales
La concurrence pour les céréales s’observe de plus en plus en faveur de la pomme de terre qui, dans un nombre croissant de fermes, laisserait les autres cultures pour des cultures « secondaires ». Ces dernières seraient plus implantées pour des questions agronomiques (nécessité d’une rotation) qu’économiques.
Cette augmentation continue des superficies en pommes de terre (+ 10.000 ha en 10 ans) génère des inquiétudes auprès d’acteurs de filières grandes cultures et de producteurs, notamment en regard d’impacts potentiels liés aux conditions d’utilisation des sols et des produits phytopharmaceutiques.
Une hausse attendue des superficies plantées en 2025
Concernant la saison 2025, on suppose que les surfaces emblavées en pommes de terre vont encore augmenter, car l’attractivité de cette culture est forte. Toutefois, il devient important de se pencher sur une étude des tendances de rendements sur ces dix dernières années. En effet, les rendements moyens de la zone NEPG sont passés d’environ 48 T/ha au début des années 2010 à 44,5 T/ha au début des années 2020. Ainsi, les rendements ont tendance à diminuer chez nous. Certaines études parlent d’une baisse de l’ordre de 0,9 à 1,7 T/ha/an pour les quatre principales variétés (Bintje, Fontane, Challenger et Innovator). Les pistes d’explication évoquées sont l’absence d’alternance des variétés plantées, la spécialisation des ravageurs, l’épuisement des sols ou encore le changement climatique.
Les conditions de plantation sont toujours plus risquées, avec des coûts de production toujours plus élevés. La rentabilité de la culture est donc remise en question en regard des coûts de production, des changements climatiques, de l’apparition de nouvelles maladies et les restrictions européennes concernant l’usage de pesticides et le lessivage de l’azote. Cela rend la production de plus en plus risquée d’un point de vue technique mais également économique.
La disponibilité des plants pour la saison prochaine
Les prix des plants restent particulièrement élevés. Cependant, la production de plants ait été moins en crise la saison dernière (baisse de seulement 20 % par rapport à 2024 et prix supérieurs de 10 à 15 % à ceux de 2023). La demande en plants à l’échelle européenne est de plus en plus forte avec l’augmentation des surfaces. Cette situation crée une tension sur le marché et une pression sur les pays producteurs. On risque donc de voir encore cette année l’emblavement de nombreuses variétés peu connues.
Source : Collège des Producteurs, Préoccupations et appréciation de la situation des filières – Note NT 55, Février 2025