Betaseed a organisé une réunion de présentation de ses produits en ce début d’année. C’est Romuald Lust, technicien agronome pour la Wallonie qui était chargé de la présentation de la gamme variétale de betteraves sucrières. Les nombreux défis auxquels les betteraviers sont ou seront confrontés ont également été abordés lors de cette soirée.
Une campagne 2024 mitigée
L’exposé a commencé par un rappel de la campagne betteravière qui vient de se terminer. En effet, les importantes précipitations de ce printemps ont provoqué des semis assez difficiles. Les quantités de pluie très élevées qui sont tombées ont par contre permis une bonne levée et ensuite un désherbage relativement facile. Durant l’été, ces conditions très humides ont été à l’origine d’importants développements de cercosporiose. Cette maladie est un réel facteur limitant pour le rendement de la culture betteravière. Elle a donc posé de sérieux problèmes l’année dernière.
Globalement, les rendements et les richesses obtenus ont été assez décevants en raison d’une humidité excessive ainsi que d’un ensoleillement trop faible. De plus, la saison de croissance a été courte en raison des semis qui ont pour la plupart été réalisés tardivement.
La cercosporiose nuit fortement à la rentabilité
La cercosporiose est causée par Cercospora beticola. Elle est caractérisée par des cycles répétés de contamination et de dissémination. Cette maladie fongique foliaire estivale peut apparaître dès le mois de juin. Elle cause de plus en plus fréquemment des problèmes dans la culture en raison de la particularité de son cycle reproductif.
Ainsi, son développement suit un processus polycyclique. La chaîne de cycles d’infections peut être ininterrompue pendant l’été si les conditions sont favorables : une température comprise entre 27 °C et 32 °C ainsi qu’une humidité relative à la surface des feuilles supérieure à 90 % pendant 5 à 8 heures. Les conditions chaudes et humides rencontrées en 2024 ont donc été très propices au développement de cette pathologie, qui a également provoqué une pression précoce de la maladie.
Cette phytopathologie se développe sous la forme de petites taches arrondies grisâtres et déprimées. Quand la maladie est fortement présente dans la parcelle, la mortalité des feuilles peut donner un aspect de “champ brûlé”. La destruction du bouquet foliaire induit une repousse de feuilles. Cette pathologie peut provoquer une importante perte de rendement et de richesse des betteraves.
Le comportement sanitaire des variétés est donc le principal levier d’action selon Romuald Lust. Certaines souches sont difficiles à combattre chimiquement. Ainsi, utiliser des variétés tolérantes à la cercosporiose devient de plus en plus important et il s’agit d’un moyen pour obtenir un revenu financier plus élevé. En effet, les différences variétales peuvent être très importantes, comme en témoigne un essai mené sans protection fongique illustré ci-dessous. On peut y voir un comportement très différent des variétés face à la cercosporiose.
Betaseed propose des variétés CR + qui présentent une tolérance face à la cercosporiose. “En utilisant ces variétés, le potentiel de rendement n’est pas impacté, même s’il y a un développement de la maladie” a déclaré Romuald Lust. Trois variétés CR + sont disponibles, avec soit un potentiel anti-nématodes, anti-rhizomanie ou anti-rhizoctone.
La problématique de l’aphanomyces
Les conditions très humides et asphyxiantes du printemps 2024 ont favorisé l’apparition d’aphanomyces (Aphanomyces cochlioides). Cette maladie fongique provoque la pourriture noire de la racine. Elle peut attaquer superficiellement la racine de la betterave, mais aussi engendrer des déformations racinaires importantes avec un étranglement sous la surface du sol.
Les symptômes apparaissent sous forme de zones noircies sur la racine, avec un éclatement de l’épiderme et des crevasses superficielles spongieuses, plus ou moins quadrillées et noircies par une nécrose des tissus au niveau des sillons saccharifères. Si l’attaque est précoce, elle peut étrangler la racine qui peut se casser à la surface du sol. Cette pourriture sèche reste superficielle dans la majorité des cas. Les tissus de la racine ne sont attaqués que superficiellement. Le collet et la pointe sont moins attaqués.
L’impact de cette pathologie sur le rendement est difficile à estimer. Cela dépend du niveau de déformation des racines ainsi que des pertes causées par les bris de racines à la récolte. D’un point de vue qualitatif, cette maladie a peu d’impact. Certaines variétés sont plus sensibles que d’autres face à cette maladie. Betaseed propose plusieurs variétés ayant une bonne résistance face à ce champignon.
Des changements en 2025 concernant l’utilisation du système Conviso® One
À partir de 2025, de nouvelles règles s’appliquent pour l’utilisation de l’herbicide Conviso® One. Désormais, les agriculteurs ont deux possibilités :
- Effectuer un traitement unique avec une seule application à 1 L/ha. Celle-ci doit être réalisée entre le stade cotylédons et le stade deux feuilles de la culture de betteraves.
- Réaliser un double traitement avec deux applications à 0,5 L/ha. Celles-ci ne sont autorisées que si elles sont effectuées entre le stade cotylédons et le stade 8 feuilles de la culture de betteraves. De plus, le désherbage doit être réalisé en bandes, ne couvrant pas plus de 60 % de la superficie de la parcelle.
L’IRBAB conseille de traiter les parcelles lorsque les chénopodes atteignent au maximum le stade de deux feuilles. Il est également important de mélanger le Conviso® One avec au minimum un autre herbicide de mode d’action non-ALS.
Une culture résiliente face à toutes les situations
La sélection a permis à la culture de betteraves sucrières de surmonter plusieurs défis passés. Face aux problématiques de la rhizomanie, des nématodes et du rhizoctone, les sélectionneurs ont pu développer des variétés qui peuvent supporter ces pressions. La problématique du retrait de plusieurs herbicides a également conduit au système Conviso®Smart, qui propose des variétés tolérantes aux herbicides de la famille des ALS. Le principal défi actuel est la problématique de la cercosporiose, pour laquelle il existe déjà des variétés tolérantes.
Plusieurs défis vont encore apparaître dans les années à venir. Nous pouvons par exemple citer le syndrome ‘basses richesses’ (SBR) qui est causé par deux bactéries transmises par une cicadelle. Il s’agit d’une problématique déjà rencontrée dans certaines régions allemandes. Romuald Lust a expliqué que cette pathologie n’est pas attendue chez nous avant plusieurs années car les citadelles ne se déplacent que de 25 Km en moyenne tous les ans alors que les foyers les plus proches se situent à plus de 500 Km de la Belgique. En conclusion, notre orateur reste convaincu que Betaseed sera en mesure de proposer à l’avenir des solutions pour permettre de maintenir la betterave dans les assolements.
Texte : Antoine Van HoutteᆞIllustrations : Betaseed et IRBAB