Il y a du changement concernant le désherbage de pré-semis des chicorées en raison du retrait du Bonalan. Par le passé, la benfluraline était une des seules molécules qui permettait de lutter efficacement contre le chénopode et l’arroche. Cependant, celle-ci est retirée du marché depuis le 12 mai 2024. Une adaptation du désherbage est donc nécessaire pour la saison 2025. Nous nous sommes rendus à la réunion annuelle de Cosucra pour prendre connaissance des conseils de désherbage pour la campagne à venir.
Selon les ingénieurs agronomes de chez Cosucra, le seul moyen d’avoir des parcelles de chicorées indemnes de chénopodes est d’empêcher la germination de ces adventices. Suite au retrait du Bonalan, c’est actuellement le Boa (penoxsulame) qui doit être appliqué en incorporation avant le semis.
Le Boa
Cet herbicide, développé par Corteva, a été testé par Cosucra depuis plusieurs années. Il a récemment reçu une autorisation pour pouvoir être utilisé en pré-semis en culture de chicorées industrielles. Il est uniquement utilisable avec les variétés tolérantes aux sulfonylurées (ALS). Depuis cette année, toutes les variétés que Cosucra propose à ses planteurs, via sa maison de semences Chicoline, sont tolérantes aux sulfonylurées et sont donc compatibles avec l’usage du penoxsulame.
Bien que cet herbicide soit une sulfonamide, il y a peu de risques de voir se développer des camomilles (Matricaria chamomilla) résistantes aux ALS dans les parcelles de chicorées. En effet, la matricaire va être détruite par le désherbage de post-semis par l’AZ500 (Isoxaben).
Une incorporation avant le semis
Bien que le penoxsulame ne soit pas photolabile (contrairement au Bonalan), l’incorporation reste importante car elle permet de placer l’herbicide dans une terre fraîche, ce qui va améliorer l’action racinaire du produit.
Cela va également avoir pour objectif de positionner spatialement la matière active anti-germinative au plus près des semences des adventices ciblées. “Une bonne incorporation du Boa permet de contrôler les adventices même si les conditions deviennent sèches après le semis” a déclaré Benoît Dion, ingénieur agronome chez Cosucra.
L’importance d’utiliser une dent vibrante
Il est déconseillé de réaliser l’incorporation avec une herse rotative. Il a été remarqué lors d’applications du Bonalan (benfluraline) en pré-semis avec ce type d’outil qu’aux endroits où celui-ci est mal incorporé (non-chevauchement), il y a des chénopodes qui peuvent se développer. Ce raisonnement peut aisément se transférer avec le Boa.
L’incorporation doit donc idéalement être effectuée avec une herse canadienne de type vibroculteur ayant au moins quatre rangées de dents. Au plus les outils ont des petites dents et au plus il y a de rangées de dents, au mieux les herbicides seront incorporés car l’effet de mélange sera d’autant plus important. De plus, ce genre d’outil permet d’obtenir un tri des mottes sur la surface travaillée, les grosses mottes restant en surface et la terre fine étant répartie plus en profondeur. La zone de semis est donc située dans de la terre fine ce qui est donc favorable à la germination tout en laissant un sol légèrement motteux en surface qui est peu sensible à la battance. La profondeur de travail qui est conseillée par les ingénieurs de chez Cosucra pour réaliser l’incorporation du Boa est de 6 à 8 cm.
Texte et illustrations : Antoine Van Houtte
Informations données à titre indicatif. Consultez toujours fytoweb.be/fr pour vérifier les autorisations d’utilisation des herbicides avant d’en faire usage !