Leuridan Agro Logistics est spécialisé dans l’épandage et le transport d’engrais organiques. Basée à Lo-Reninge, cette entreprise est active en Flandre Occidentale, mais également dans les Hauts-de-France et dans le Hainaut. Dietrich Leuridan est un adepte de l’épandage sans tonne. En plus de cette activité, il assure également le transport de fertilisants liquides comme les effluents, le lisier et le digestat. Le transport de produits solides comme le compost ou les fientes de poules fait également partie des services proposés. La couleur personnalisée grise anthracite des cuves est un peu une vitrine de l’entreprise : “le travail doit être impeccable avec du matériel irréprochable”.
L’activité d’épandage sans tonne a débuté en 2015. “Un système de pompe sur container a alors été développé en interne. Il permet de mélanger deux sortes de lisier pour obtenir un produit ayant une bonne composition en azote et phosphore. Pour cette invention, nous avons obtenu le prix Agrafiek de Agribex en 2017”. Cette pompe est encore utilisée actuellement. En plus, viennent désormais s’ajouter des cuves Dezeure Dualliner équipées de plusieurs pompes et permettant de pousser les effluents dans les tuyaux.
L’entreprise peut compter sur 14 collaborateurs et jusqu’à 6 saisonniers pour réaliser de l’épandage sans tonne avec trois rampes. “Chaque chauffeur a son tracteur et son ensemble attitré, ce qui permet un meilleur entretien et un bon respect du matériel” nous a confié Dietrich Leuridan.
Commencer plus tôt en saison en réduisant les tassements des sols
Le système sans tonne est utilisé pour épandre sur des prairies, sur des parcelles de blé ou encore sur des terres nues. “Au début, ce système n’était utilisé qu’au printemps. Il est maintenant employé tout au long de la saison. On injecte aussi sans tonne après la moisson. Nous utilisons alors deux déchaumeurs à disques Horsch d’une largeur de 7 m et un déchaumeur à disque Schouten Bizon de 9 m. Cela est intéressant particulièrement quand les conditions en fin d’été sont humides”.
Parmi les avantages de cette pratique, il y a notamment un meilleur respect des sols : “Avec un système normal, il faut rentrer beaucoup de fois dans le champ avec des cuves remplies. Les tournières près des entrées de champs sont alors fortement abîmées”. Pour limiter encore plus les dommages causés à la structure, les tracteurs sur lesquels les injecteurs sont attelés sont équipés d’un système de télégonflage PTG et de pneus larges : “Les pneus à l’arrière sont larges. Pour l’un, ce sont des 900 mm et pour l’autre des 1050 mm”. Le Vervaet ainsi qu’une cuve Dezeure, parfois utilisée sans injecteur, sont également équipés de télégonflage.
Plus d’un kilomètre de tuyaux
En pratique, le chantier démarre par le déroulage du tuyau jusqu’au point le plus éloigné de la parcelle. Ce dernier est ensuite accroché sur l’épandeur. Le début du travail peut alors commencer. “La pression dans les tuyaux atteint les 10 bars. Le chauffeur de la rampe peut couper la vanne à la pompe et il y a également 12 coupures de sections d’un mètre sur la rampe. Dans les fourrières, l’injecteur s’arrête automatiquement et envoie un signal à la pompe qui tourne alors en by-pass”.
Ce système devient rentable et efficace pour des parcelles de plus de 3 hectares. “Il faut 30 minutes pour dérouler les tuyaux au début et puis 30 minutes à la fin pour les ranger. Sur les petites parcelles, cela prendrait plus de temps que l’injection proprement parlée. Le plus simple, c’est quand on sait pomper directement à la fosse. Il n’y a pas de logistique à mettre en place. En France, il y a de plus en plus d’agriculteurs qui construisent des citernes de ravitaillement proche des parcelles. En Belgique, il y a souvent du transport à réaliser pour amener les engrais de ferme sur les champs” nous a expliqué l’entrepreneur.
Le pompage continu permet un gain de temps, mais demande plus de main d’œuvre
Le système utilisé par Dietrich Leuridan est continu sans aucun temps d’arrêt. Les débits de chantier sont donc assez conséquents. “Dès que la parcelle est située à plus d’un kilomètre de la fosse, il est nécessaire d’organiser le transport. Avec un débit d’épandage de 150 m3/h, il faut rapidement beaucoup de cuves pour acheminer le lisier. S’il y a 2 km à parcourir, deux citernes sont nécessaires. S’il y a 10 km, il faut cinq cuves. On a donc besoin de beaucoup de matériel. Ce n’est pas la même chose qu’un chauffeur seul avec son tonneau. Avec le système sans tonne, il faut toujours au moins deux chauffeurs. Mais c’est un travail de groupe, ce qui renforce les liens et la cohésion entre les chauffeurs”.
Ensuite, l’entrepreneur nous a expliqué que les investissements nécessaires sont assez élevés : “Il faut un tracteur de minimum 170 ch sur la rampe. Un deuxième d’au moins 250 ch doit être sur la pompe et il a une consommation de gasoil d’environ 40 l/h”. Un autre inconvénient est également que les tuyaux coûtent assez cher. “À chaque fois qu’il y a une fuite, il faut couper le tuyau et placer des raccords. Souvent, la durée de vie des tuyaux est de deux à trois ans. Le pompage est également plus difficile quand le lisier est trop épais. Mais les agriculteurs s’adaptent pour que le lisier soit pompable”
Une innovation interne pour améliorer l’efficacité du travail
Deux bras pivotants avec une couronne rotative montée au-dessus des tracteurs ont été auto-construits cet hiver. Ces constructions sont fixées sur les châssis des deux John Deere et la couronne se situe au-dessus du toit du tracteur. Selon notre interlocuteur, les nouveaux bras présentent plusieurs avantages : “Il y a moins de tension sur le tuyau. Le point de pivot se trouve au-dessus de la cabine, ce qui rend les virages en bout de champ beaucoup plus fluides. De plus, le bras pivotant offre une longueur supplémentaire lors des virages. Cela élimine toute contrainte transversale. Il est donc plus simple de tourner dans les tournières. Enfin, faire passer le tuyau par le toit réduit la résistance au tirage et diminue l’impact sur le sol. De cette manière, le tuyau ne laisse pas de marquage au sol”.
Les chauffeurs ainsi que le fondateur de l’entreprise sont satisfaits des bras pivotants: “Je suis très content de ce système. J’avais vu cela chez un collègue qui a fait une construction similaire et qui était également très satisfait” a déclaré Dietrich Leuridan.
Adaptation du Vervaet
Leuridan Agro Logistics emploie deux systèmes sur tracteurs pour épandre sans tonne. “Dans le système avec tracteur, c’est la pompe qui est placée au bord du champ qui pousse le lisier à travers les tuyaux jusqu’à l’injecteur”. En plus de ces deux ensembles, une adaptation maison a été réalisée sur un automoteur Vervaet à cinq roues pour l’utiliser également dans le cadre d’un épandage sans tonne. “Une pompe stationnaire envoie le lisier dans les tuyaux pour remplir la cuve. L’automoteur circule avec seulement une petite réserve de 2 à 3 m3 dans sa citerne. C’est ensuite la pompe du Vervaet qui envoie le lisier dans son injecteur. Le débit est donc plus important, car deux pompes sont utilisées”.
Le Vervaet est accompagné d’un autre tracteur qui permet de placer une longueur de tuyaux de 1 400 mètres. “Donc avec ce système, on a besoin de 3 chauffeurs. Il est également utilisé pour injecter le lisier sur les petites parcelles sans utiliser le système de ravitaillement continu avec tuyau. L’automoteur est donc multifonctionnel”.
Une entreprise qui s’occupe également de la logistique
Ce ne sont pas moins de 12 cuves qui sont utilisées pour la logistique. “Nous disposons de trois camions-citernes et de neuf cuves sur tracteurs. Les camions sont utilisés pour parcourir de plus longues distances”. Leuridan Agro Logistics utilise un camion Man ainsi que trois Volvo.
“Les cuves sur tracteurs sont plus polyvalentes, car elles permettent aussi d’épandre directement sur les champs sans injecteur. En été, je peux également les utiliser pour arroser avec canon sur une largeur de 60 mètres d’un côté. C’est une activité principalement demandée pour les cultures de légumes quand les parcelles n’ont pas d’accès facile à l’eau. Toutes les cuves agricoles utilisées sont des Dezeure. L’avantage est que ce fabricant est proche de chez moi et qu’il peut construire sur demande et selon mes attentes. Le matériel Dezeure est très qualitatif”.
Certains tracteurs sont équipés de pneus routiers, plus confortables. “Bien que leur prix d’achat soit plus élevé, leur usure est moindre par rapport à des pneus agricoles classiques. Au final, le prix par heure est selon moi identique avec un pneu conventionnel”.
Pour le transport de compost et de fientes de poules, deux fonds mouvants peuvent être attelés sur les camions. Pour renforcer cette activité, des conteneurs de 32 à 40 m3 peuvent être placés sur les portes caissons Dezeure. Ils sont utilisés quand les distances à parcourir sont moindres. Trois des quatres portes-conteneurs sont même équipés de ponts-moteurs pour pouvoir placer les produits en tas sur les champs durant l’hiver sans rester embourbés.
La satisfaction client comme priorité
“Il est important d’aider le client pour maximiser la valorisation des fertilisants contenus dans les matières épandues. Positionner le lisier au printemps permet de mieux valoriser les nutriments qu’il contient. Il est important de respecter un planning fixé avec un client. Si on a d’autres activités, il est parfois difficile de combiner. C’est la raison pour laquelle j’ai arrêté l’an dernier l’épandage de matières solides pour me focaliser entièrement sur l’épandage de produits liquides. Sans oublier qu’avec les règles flamandes de la ‘Mestbank’, il y a de plus en plus de demandes” nous a expliqué Dietrich Leuridan.
“L’avantage de notre entreprise est que nous gérons nous-mêmes les analyses, le transport et l’épandage. Ainsi, le client n’a qu’un seul interlocuteur et n’a pas à calculer lui-même le nombre de convois nécessaires pour chaque parcelle. Cela rend les choses beaucoup plus simples pour lui. De plus, nous avons des chauffeurs très expérimentés et dévoués, qui sont les piliers de notre entreprise. Grâce à leur expertise et leur savoir-faire, nous pouvons toujours livrer un travail de qualité”.
Le service sans tonne est effectivement plus cher qu’un épandage classique, mais les clients sont satisfaits. “Dès qu’un client fait appel à nous, il reste dans le système d’épandage sans tonne. Personne ne revient jamais au système classique”, conclut l’entrepreneur.
Texte : Antoine Van Houtte ∙ Illustrations : Antoine Van Houtte et Dietrich Leuridan