Limagrain a organisé une réunion de présentation de ses produits en ce début d’année. C’est Bruno Jennart, Sales Manager pour la Wallonie qui était chargé de la présentation de la gamme variétale maïs. Le mot d’ordre de cet exposé est de faire le bon choix variétal pour éviter la prise de risques, principalement en raison de la multiplication des anomalies météorologiques, fréquentes ces dernières années.
L’importance de la teneur en matière sèche à la récolte
Pour pouvoir être récolté, le maïs doit avoir une teneur en matière sèche (MS) idéalement comprise entre 32 et 38 %.
Ensiler un maïs ayant moins de 30 % de matière sèche est déconseillé en raison des pertes de jus du silo et des faibles teneurs en énergie et en amidon de la récolte. En effet, dans ce cas, les plantes ne sont pas à maturité et leur amidon n’est pas totalement formé. Il y a alors un risque de développement de bactéries butyriques qui nuisent à la bonne conservation du silo. En dessous de 28 % de matière sèche, il est donc préférable d’ajouter des additifs à l’ensilage. Ces derniers vont permettre de faire baisser rapidement le pH du silo. Ils utilisent des bactéries lactiques ou des bactéries produisant de l’acide propionique ou de l’acide acétique.
Par opposition, une teneur en matière sèche supérieure à 40 % est aussi préjudiciable. La plante est alors déjà en sénescence et est trop sèche, ce qui cause des problèmes d’échauffement dans le silo. Au-delà de 35 % de matière sèche, l’amidon est moins digestible dans le rumen. La digestibilité des tiges et des feuilles chute et la valeur VEM est alors faible.
Teneur en matière sèche de la plante entière – Maïs fourrage | 25% | 30% | 35% | 40% |
Rendement MS plante entière (t MS/ha) | 13,7 | 14,4 | 15 | 16 |
Teneur en amidon (% de la MS) | 18-22 | 27-32 | 30-36 | 35-40 |
Teneur en glucides solubles (% de la MS) | 12 | 10 | 8 | 5 |
UFL “potentielles” (par kg MS) | 0,91 | 0,93 | 0,9 | 1 |
Digestibilité du NDF (%) | 55 | 52 | 49 | 47 |
Dégradabilité ruminale de l’amidon (%) | 89 | 86 | 82 | 78 |
UFL “valorisables” (par kg MS) | 0,91 | 0,93 | 0,9 | 0,9 |
Opter pour des variétés précoces
En théorie, la somme des températures augmente en raison du changement climatique, ce qui pourrait inciter à opter pour des variétés plus tardives. Cependant, dans la pratique, les semis et la récolte se font rarement sans rencontrer de problèmes… L’année passée, les semis ont commencé assez tard, en avril et se sont terminés en juillet. Dans le cas des semis tardifs rencontrés en 2024 suite aux conditions printanières très humides, il est important de choisir une variété adaptée, qui pourra arriver à maturité à temps. Beaucoup de maïs ensilage semés tardivement ont eu du mal à arriver à leur maturité.
Limagrain en a tiré comme enseignement que les variétés précoces, ayant une période de végétation plus courte, sont une assurance contre le climat capricieux. Bruno Jennart conseille donc de choisir des variétés précoces de maïs (indice FAO compris entre 180 et 225) pour sécuriser le rendement. Celles-ci vont démarrer plus rapidement et ont une bonne croissance juvénile. Leur démarrage est plus rapide. Cette situation s’illustre parfaitement bien par un essai où une variété précoce a été semée à côté d’une variété tardive à la même date. On remarque assez rapidement que la variété précoce à une croissance juvénile supérieure et qu’elle s’est beaucoup plus rapidement développée que la variété tardive.
La fermeture des lignes sera également plus rapide, ce qui va avoir pour effet de limiter l’évaporation de l’humidité du sol, ce qui représente un avantage en cas d’été sec. Dans la même optique, une variété précoce va fleurir plus rapidement et donc avant les périodes estivales de canicule. La fécondation et donc le remplissage des grains seront ainsi assurés. Bruno Jennart souligne également le fait que les variétés précoces ont actuellement les mêmes niveaux de rendement que des variétés plus tardives.
La résistance au stress hydrique grâce aux variétés Hydraneo
Touchant plus de 70 % des surfaces de maïs grain en Europe et occasionnant jusqu’à 80 % en perte de rendement, le stress hydrique est une problématique majeure. Bruno Jennart conseille donc d’opter pour des variétés résistantes aux conditions de stress hydrique. Pour cela, Limagrain propose les variétés Hydraneo. Celles-ci ont un potentiel d’enracinement supérieur et sont donc mieux armées face aux aléas climatiques. De plus, leurs stomates se ferment plus rapidement en cas de sécheresse. Cette fermeture des stomates cause l’arrêt de la transpiration de la plante, ce qui va donc limiter les pertes en eau.
Les variétés Hydraneo se distinguent dans les sols ayant une faible réserve hydrique, dont la structure a été abîmée par les récoltes précédentes et dans les parcelles ayant un plus faible potentiel. Pour mettre au point ces variétés résistantes au stress hydrique, Limagrain teste la tolérance de ses variétés à la sécheresse à 120 endroits depuis 2010.
La gamme variétale proposée par Limagrain
Le rendement est important, mais il ne faut pas perdre de vue la valeur alimentaire du maïs. La gamme variétale de Limagrain se divise en deux : les variétés HDi et les variétés Starplus.
Les variétés HDi sont conseillées pour les rations très riches en maïs ensilage ou composées de 50 % de maïs et 50 % d’herbe. Il s’agit de rations ayant un risque élevé de provoquer de l’acidose ruminale. La digestibilité des parois cellulaires des variétés HDi est plus importante et leur amidon est stable, ce qui confère une meilleure ingestion des fourrages de base et une bonne digestibilité de la partie ‘tige et feuilles’.
Les variétés Starplus sont destinées aux exploitations utilisant une faible proportion de maïs ensilage dans les rations (moins de 30 % de maïs dans la ration) et aux exploitations viandeuses. Ces variétés permettent une ‘bonne’ digestibilité de l’amidon et contiennent beaucoup d’amidon instable qui se comporte comme un amidon d’un maïs de type denté. Beaucoup d’énergie est donc libérée dans le rumen avec ce type de variétés.
Texte : Antoine Van HoutteᆞIllustrations : Limagrain