Au début des années 80, Eugène Evrard, utilisant les machines de la ferme familiale pour donner un coup de main à ses voisins agriculteurs, met sur pied une entreprise de travaux agricoles. Dans les années à suivre, Evrard ajoutera le rôle de concessionnaire à ses activités après l’arrivée à l’entreprise de son fils Jean-Luc. Le slogan “Evrard fait tout pour vous!” reflète bien l’esprit de cette firme.
Portrait de l’entreprise
Eugène Evrard commence en tant qu’entrepreneur de petits travaux agricoles au milieu des années 1980. Au fil des années, l’entreprise deviendra un acteur majeur dans la région de Spa. L’entreprise de travaux agricoles Evrard est basée à Sart-Lez-Spa, mais se déplace jusqu’à Fourons et presque jusqu’au Luxembourg.
Aujourd’hui, Evrard SA et Sprimat SPRL est donc non seulement une entreprise de travaux agricoles, mais également un concessionnaire. Cette firme propose à la vente, sur pusieurs sites, des marques renomées, dont John Deere, Kramer, Mc Hale, Caterpillar et Kuhn. Evrard-Sprimat est aussi désormais importateur des marques Kotschenreuther, Schuitemaker et Veenhuis pour la Wallonie. De plus, elle collabore avec AgriGeer pour l’importation de Krampe.
D’une exploitation forestière à une entreprise de travaux agricoles
Les installations de l’entreprise Evrard de Sart-lez-Spa s’aperçoivent depuis l’autoroute E42, entre Verviers et Malmédy et à 5 Km de Spa. Situé dans un territoire de transition entre la région herbagère et l’Ardenne, le paysage de la commune de Sart-lez-Spa se constitue principalement de prairies accidentées et de forêts.
“Notre entreprise trouve justement ses origines dans l’exploitation forestière”, nous explique Jean-Luc Evrard. “À l’origine, la ferme familiale des Bansions était une exploitation laitière. À côté des travaux à la ferme, mon père a commencé à faire de l’abattage et de la vente de bois de chauffage. Lorsque les carburants fossiles ont commencé à chuter vers la fin des années ’90, il a décidé de commencer sérieusement une entreprise de travaux agricoles et de mettre fin à l’exploitation forestière.”
Les débuts avec Renault Agriculture
L’histoire de la concession Evrard SA commence au milieu des années 1990. Jean-Luc termine ses études et se rend à Oudenaarde en compagnie de son père. Là, ils rencontrent un représentant Renault, qui propose d’essayer un tracteur. Une passion est alors née.
“Ce représentant nous a ensuite proposé de devenir concessionnaire Renault. Le temps de faire mon patronat de 1993 à 1995, et on démarrait notre concession. Au départ, nous étions concessionnaire Renault, Welger et Pöttinger.”
Le paysage sinueux de la région de Sart-lez-Spa et les villages qui parsèment cette région rurale, entre prairies et Ardennes, placent la commune dans une situation particulière. Elle est refermée sur le Condroz et plutôt ouvert sur Eupen et le côté germanophone. L’accès en tracteur n’était pas facile pour tout le monde. “C’était une remarque que l’on entendait souvent de nos clients : pour ceux venant du côté de Sprimont, le site de Sart-lez-Spa était souvent difficile à atteindre. C’est pour cela que nous avons ouvert une deuxième concession avec atelier à Sprimont. C’était en 2002… Pour la même raison, en 2007 nous ouvront une concsession a Gouvy.”
Collaboration avec John Deere depuis 2004
Quelques années plus tard, vers 2004, l’entreprise Evrard, ayant reçu la demande d’un client, part à la recherche d’une marque d’ensileuse. L’entreprise tombe sur les ensileuses et télescopiques de John Deere, une gamme de machines dont ne disposait pas Renault. Après concertation avec Renault, qui ne propose que des tracteurs, Evrard assumera également le rôle de sous-agent John Deere pour la gamme d’ensileuses et Sprimat SPRL est creé pour distribuer John Deere officielement à Sprimont.
Toutefois, les choses vont ensuite changer : “Vous savez comment ça marche : nous étions concessionnaires de tracteurs Renault et d’ensileuses John Deere, oui mais… il y a de ces clients qui sont fidèles à une seule marque et très vite, des demandes rentraient pour des tracteurs John Deere. Au début, on vendait environ une trentaine de tracteurs Renault pour 10 John Deere. Lorsque Renault a été racheté par Claas, l’entreprise nous offrait la carte Claas pour deux sites à condition d’arrêter John Deere. Ce dernier nous proposait cependant le tout grand-Liège si on vendait exclusivement du John Deere. Le choix était fait”.
Des employés polyvalents
L’équipe Evrard-Sprimant réalise des tâches mixtes et variées : tous les chauffeurs qui travaillent pour l’entreprise doivent pouvoir travailler en atelier. “Sinon, il n’y aurait pas de travail toute l’année. Tous nos chauffeurs doivent pouvoir faire de la mécanique. Ainsi, les hivers peuvent être consacrés au travail sur le matériel de nos clients.”
En saison, des chauffeurs indépendants sont engagés pour venir renforcer l’équipe. L’équipe Evrard-Sprimat fluctue donc entre environ 20 personnes en basse saison et plus de 30 personnes pendant les périodes de travail intensif.
La majorité du matériel chez Evrard, aujourd’hui, est jaune-vert. L’entreprise a toutefois fait ses débuts avec un Renault 133 14TX. C’est avec cette machine qu’Eugène a effectué ses premiers travaux pour les clients.
Un service complet
Evrard se trouvant dans une région principalement axée sur la récolte herbagère et la production laitière, les activités de l’entreprise de travaux agricoles se concentrent sur tout ce qui tourne autour de ces secteurs. Evrard fait tout, de A à Z : “C’est un peu la mentalité belge: l’entrepreneur fait tout pour le client, parce que c’est ce qu’il attend de lui. Il n’y a pas énormément d’entreprises spécialisées ici. Du coup, un client qui est content d’une prestation aura tendance à recontacter la même personne pour d’autres types de travaux”.
Le travail principal de l’entreprise est, bien sûr, la récolte de fourrages: à l’autochargeuse ou à l’ensileuse. À côté des fourrages herbagères, la culture du maïs est également en développement dans la région. Tous les travaux, depuis la préparation du sol jusqu’à la récolte, sont effectués par l’entreprise.
Changement de la mentalité des clients
“Ce qui est dommage, c’est que la mentalité des clients évolue mal. Avant, l’entreprise de travaux agricoles faisait son planning, et le client réservait les jours qui lui convenaient. Aujourd’hui, c’est le client qui décide quand l’entrepreneur doit venir, et s’il ne peut pas, il suggéré de trouver un autre. C’est un métier que tout le monde, en principe, peut faire et les prix peuvent parfois être volatiles… Heureusement, on ne brade pas nos prix pour obtenir un client. Et n’oublions pas que nous avons le garage comme argument non négligeable : beaucoup de clients achètent leur matériel chez nous car nous avons l’expérience et du matériel du remplacement . Notre but n’est pas de leur faire payer trop cher, c’est justement de leur faire gagner de l’argent et que leur métier soit rentable. Ce n’est que comme ça que nous sommes payés à notre tour et pour longtemps (rires).”
Maïs sous film
Depuis 2009, Evrard s’occupe également du semis de maïs sous film plastique grâce au système Samco : “Cette année-là, nous avons effectué nos premiers essais avec un prototype de deux rangs”, explique Jean-Luc. “Aujourd’hui, je pense que nous pouvons dire que nous sommes leader en Belgique en terme de semer le maïs sous film.”
Dans la région de Spa, pas facile de semer et de récolter du maïs mûr. À 500 mètres d’altitude, les terrains sont accidentés, les saisons plus courtes, les hivers plus rigoureux. En conditions normales, le semis de maïs ne peut débuter que vers fin avril ou même en mai si l’on ne veut pas risquer de trop fortes gelées, alors que pour le reste du pays et notamment la Flandre, les travaux de semis débutent déjà vers fin mars si le temps le permet.
“Grâce au semis sous film, non seulement nous pouvons commencer le semis beaucoup plus tôt, mais en plus il est possible de semer les mêmes types de maïs que celui planté en Flandre. Le résultat: le maïs pousse jusqu’à maturité, il peut être récolté et ensilé de septembre à novembre. Les variétés précoces pour nos régions n’ont pas de bons rendements en grain. Il fallait une solution pour que les fermes de nos régions puissent récolter leur propre maïs et ainsi éviter de couteux frais de transport“, conclut Eugène Evrard.
Texte: Antoine Van Houtte et Kim Schoukens · Illustrations : Antoine Van Houtte et Arnaud Meurens – Pixelagri